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Forces et fragilités. Céline

By 4 mai 2020Confinement

Lundi 20 avril 2020

Y’a les jours avec et les jours sans.
Les petits jours et les grands.
Ceux où ça me rassure de cocooner, de me dorloter dans mon petit confort, mes petites habitudes, mes nouveaux repères tout fraichement trouvés.
Et ceux qui surgissent presque sans crier gare, avec en eux l’envie de partir en croisade, de créer, inventer demain. Cette envie qui me rend vivante. De nouveau.

L’Univers a mal. La Terre a mal. L’Humanité a mal. Chacun le ressent. Dans ses peurs, son courage, son envie d’être soi.
C’est insupportable de me sentir impuissante face à ce bouleversement si profond que nous fait traverser le coronavirus. Besoin d’en comprendre le sens, de réagir, d’agir… qu’est-ce que je peux faire, là maintenant, pour prendre soin, protéger, aider, changer… ?

Quand je suis en lien avec l’autre, qu’il soit proche ou lointain, je vais bien (comme avec un bon vin !)
Quand je croise cette femme qui parle une langue que je ne comprends pas. Que je la crois sur le point d’accoucher à quelques pas seulement de la maternité, mais quelques pas infranchissables pour elle, seule. Je me vois lui tendre le bras, sans qu’on ait de masque ni l’une ni l’autre…
Cette femme qui dans un autre contexte m’aurait sans doute parue étrangère, insaisissable.
J’arrête un jeune couple en espérant qu’ils parlent sa langue. Ils se comprennent et prennent le relais. Elle me regarde à nouveau, et dans un seul silence, me remercie la main sur le cœur.
J’ai pris une claque. Peut-être qu’elle aussi…
1 min. 4 étrangers. Pour dépasser une peur et s’épauler. C’est beau. C’est en-Vie.
Je me sens forte et humaine.

Quelques jours plus tard, ma fille me raconte qu’elle et sa meilleure copine ont pleuré ensemble sur WhatsApp ; elles sont séparées et en sont chagrin.
« C’est elle qui me manque le plus tu sais maman ».
« Mais pourtant tu dis qu’elle râle tout le temps ».
« Oui mais maintenant je m’y suis habituée, et elle a aussi beaucoup de qualités. Et elle est toujours là pour me consoler ».
J’ai pris une claque.
Je me suis vue dans sa meilleure copine. Râler le matin pour tenir le rythme, le soir pour tenir le rythme… entre autre. Je lui mets la pression parce que je me la mets.
J’ai envie d’en discuter avec elle. Mon cœur se serre à l’idée qu’elle puisse penser qu’elle ne fait pas bien, qu’elle n’est pas à la hauteur…
Je me sens fragile et humaine.

Il y a les jours avec la force, et ceux avec la fragilité.
Comme hier, comme demain.
Les moments où on le reconnait, ça fait du bien. Juste du bien de sentir son humanité.
Il y a le soin qu’on s’apporte, qu’on apporte à l’autre, à la terre, à l’univers.
Tout est dans tout.
Céline

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