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Aujourd’hui, c’est un début. Mais de quoi… ? Karine

By 3 juin 2020Confinement

Au début du confinement, j’étais assez sceptique sur le télétravail. Pour des raisons techniques mais aussi relationnelles. Etonnamment, ça a très bien fonctionné !
Très vite il y a eu beaucoup d’appels pour des nouvelles situations à traiter. Avec évaluations, diagnostics par téléphone. Pour des demandes RSA, débloquer des aides alimentaires, une domiciliation, un service de livraison de courses.
Heureusement, la technique a bien suivi. Les techniciens des services informatiques nous ont paramétré ordi, téléphone portable, logiciels… C’était parti. Mais les problèmes techniques ont quand même bien rythmé mon confinement.
Dans l’ensemble, on a toujours réussi à accompagner les situations. A trouver même de nouveaux partenaires sur lesquels s’appuyer quand nos habituels étaient à l’arrêt.
On s’est adaptés, ajustés.

Ça nous a vite obligé à travailler sur la confiance.
Notamment avec ceux qui, pour des questions pratiques, ne pouvaient pas nous fournir de justificatifs. Je leur expliquais que la situation particulière que nous traversions nous amenait tous à fonctionner autrement, sur la confiance. C’est une prise de risque c’est vrai, mais jusqu’à présent, ça a plutôt bien marché.

On travaille aussi peut-être autrement le lien.
J’essaie d’appeler régulièrement les personnes isolées. Je suis souvent leur seul contact avec l’extérieur…
Le manque de contact visuel reste bien sûr un obstacle majeur. Encore plus pour les personnes qu’on ne connaissait pas du tout avant le confinement. Ce n’est pas évident pour elles de se raconter sans jamais avoir vu la référente. Mais elles ont senti qu’on s’investissait vraiment.
Ne pas se voir n’est pas insurmontable. J’arrive malgré tout à établir une relation. Je me demande même si ça ne m’a pas incitée à être plus directe par téléphone. A rentrer plus vite dans le vif du sujet…

Là où c’est plus compliqué, c’est pour les personnes domiciliées, sans abri.
Elles ne peuvent plus faire la manche, les lieux d’accueil ont fermé. On travaille beaucoup avec le 115. Elles sont reçues sur des permanences pour maintenir un minimum de lien et avancer dans leurs démarches.
Pour d’autres, le confinement ne change pas grand-chose finalement. Elles avaient malheureusement déjà l’habitude de vivre l’isolement…

Les effets du confinement, on ne les voit pas encore tous.
Aujourd’hui, c’est un début. Mais de quoi… ?
Va-t-on revenir au temps d’avant ou inventer autre chose ?

Dans le quotidien du confinement, ça nous a été nécessaire d’avoir beaucoup d’échanges entre collègues.
On ne peut pas recréer ces échanges informels qu’on peut avoir au bureau, prendre un café, passer dans le bureau de la collègue pour échanger sur une situation. Alors on s’appelle. Plusieurs fois par jour même.
En tant que responsable de service, j’avais aussi des temps d’échanges avec deux directrices adjointes. C’était vraiment aidant de sentir que j’avais des collègues avec moi.
Et puis c’est sécurisant une équipe. On ne se sent pas seule face aux situations difficiles qu’on accompagne. Ensemble, on va plus loin.
Le travail en équipe a toujours été très important pour moi. Mais là, j’en ai mesuré autrement la richesse.
La semaine dernière, je suis passée au CCAS pour préparer mon bureau pour la désinfection. Etant à risque, je n’ai pas pu y aller une seule fois…
J’ai mis mon masque et mes gants. Je suis entrée. J’ai vu mes 2 collègues chacune d’un côté du paravent. Et là, j’ai senti mon cœur battre la chamade. Ce n’était pourtant pas un rdv galant ou un entretien d’embauche ! Mais cette rencontre était néanmoins très importante. J’étais tellement émue de les revoir, de revenir sur les lieux. J’ai été saisie de joie !
Peut-être aussi parce que ça m’a coûté de ne pas pouvoir les relayer sur des permanences…
J’ai hâte depuis de reprendre quelque chose de plus humain, d’être moins isolée.

C’est sûr que ce qu’on vit interroge fortement le travail d’équipe, notre fonctionnement.
Est-ce qu’on n’avait pas trop de temps partagés avant, de réunions ? Puisqu’on y arrive avec beaucoup moins… quels sont les temps essentiels ?

Ça nous interroge aussi sur notre manière d’accueillir l’autre.
Je vais avoir du mal à serrer les mains pourtant j’ai toujours accueilli la personne comme ça.
A voir si un sourire peut accueillir comme une poignée de main…

Les effets du confinement, on ne les voit pas encore tous.
Aujourd’hui, c’est un début. Mais de quoi… ?
Va-t-on revenir au temps d’avant ou inventer autre chose ?

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