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Enfin le confinement !! Gaël

By 28 avril 2020Confinement

Pour nous, tout a commencé avant le confinement, avant même l’apparition de ce virus précisément. Nous sommes, pour des raisons de santé personnelle, vigilants aux virus, microbes…
Alors celui-ci en particulier on l’a vu arrivé de loin, et très tôt, en surveillant avec vigilance les études, les articles depuis les tous premiers entrefilets dans la presse sur « un virus inconnu qui fait son apparition en Chine »…
Et alors, que l’on nous prenait pour des « fous » ou au mieux pour des anxieux maladifs, nous avons, quinze jours avant la nation, retiré nos enfants de l’école, pour leur bien, pour leur santé fragile. Nous nous sommes sentis seuls, et incompris, voire pointés du doigt.
Ce n’était alors, dans l’esprit des gens qu’une petite grippe, et c’est normal car des médias, des médecins, des politiques le disaient… Et qui plus est, les enfants n’étaient pas touchés, c’était une maladie de « vieux ». Pour la plupart des enfants peut-être, mais pas pour tous…

Nous nous sommes battus plus de trois ans, pour sauver une vie, alors il était hors de question de prendre des risques juste pour satisfaire l’entourage, le regard des autres, la société… La distanciation sociale, nous l’avons fait de nous-même, même avec la famille et croyez-moi, il fallait être fort face au jugement et à l’incompréhension…
Nous ne sommes pas plus malins que les autres, juste une habitude de vigilance et d’autres ont fait comme nous.

Pendant ce temps, j’étais seul à sortir de la maison (mon épouse travaillant depuis la maison), à travailler, à voir beaucoup de personnes, et à avoir la peur au ventre chaque jour de ramener ce virus à la maison avec ces conséquences pour les miens. Peur, plusieurs jours durant, alors que certains se moquaient de ce virus et souhaitaient encore vous faire la bise, travailler en grands groupes… Des nuits à se demander comment articuler travail avec protection de ma famille. Des nuits à accepter le besoin de travailler et le besoin de protéger ceux qui me sont chers.

Alors cette mesure de confinement, nous l’avons vécue comme un soulagement ! Un véritable soulagement.
C’était plus simple aussi pour les enfants, ils n’étaient plus les seuls à ne pas aller à l’école, même s’ils avaient parfaitement compris pourquoi ils devaient rester à la maison.
Alors c’est en partie pour cela, que le confinement nous le vivons bien.
Nous sommes très famille, très  ensemble  habituellement, alors pour nous cela est finalement naturel.
J’ai la chance d’avoir une épouse extraordinaire, et des enfants formidables, être ensemble n’est pas une épreuve, être ensemble est ressourçant, un bien être. Et je sais qu’il en est ainsi pour de très nombreuses familles. Mais dans notre société, il est peut-être plus facile de dire que c’est difficile, que le travail est plus important que tout et qu’il nous manque … Et c’est la vérité, pour certains.
Bien sûr le confinement n’est pas facile pour nous aussi, mais le poids ne vient pas du fait d’être ensemble… c’est une forme d’entrave aux mouvements et aux libertés qui pèsent, et surtout voir le monde souffrir…

Comme dit Paul Valery, « Je suis comme tout le monde, je ne ressemble à personne », alors nous avons tous notre façon de vivre cette période, ce confinement, ces peurs.
Je sais qu’il y a mille situations différentes, pour certains la situation est plus facile, pour d’autres plus difficile voir dramatique, et pour d’autres ils naviguent entre tout cela.
Le poids économique sur les familles est important, inquiétant, stressant, envahissant.
Chaque situation est unique, et chacun fait du mieux qu’il peut en ce moment. Il n’y a pas de bonne façon d’agir, il n’y pas de leçon à donner mais des leçons à prendre, de soi avant tout. Chacun vit les choses comme il lui est possible de les vivre, en s’adaptant, en se réinventant parfois avec douceur et d’autres fois avec douleur. Nous avons tous de bonnes raisons de bien vivre cette période, tous de bonnes raisons de mal la vivre, tous de bonnes raisons d’exploser, et tous de bonnes raisons de s’épanouir… Chacun suit le chemin qui est le sien, alors éloignons-nous tous du jugement sur la façon de faire des uns et des autres.

Les choses seront-elle différentes après ? J’ai l’espoir que les choses soient différentes pour ceux qui le souhaitent et identiques pour ceux qui le souhaitent. Je pense que certains auront besoin de retrouver leur vie d’avant et d’autre la rejetteront totalement ou partiellement. Certains se demanderont pourquoi la valeur travail est toujours passée avant les autres valeurs, et découvriront d’autres valeurs, d’autres s’interrogeront sur le sens à donner à leur vie, d’autres réaliseront qu’ils ont la vie qu’ils souhaitent. Peut-être sommes-nous tous devant un « tout est possible ».

De par mes métiers, je m’interroge sur l’après, je sais combien de familles, de personnes fragiles avant le confinement sont et vont être en détresse… Je sais que les demandes vont être fortes et urgentes, mais je sais aussi que pour certains une résilience aura eu lieu, un renouveau… Et il ne faut surtout pas culpabiliser si cela n’a pas eu lieu ou pas encore eu lieu. Même en confinement, on porte le poids de la société, via la télé, via les réseaux sociaux… : on nous montre comment nous devrions vivre le confinement ; faire du sport, manger équilibré, ranger sa maison, travailler sans relâche, se détendre, faire de la méditation, faire son jardin, applaudir aux fenêtres, faire des masques… Et cela met la pression sur comment devrait-être son confinement, et on culpabilise…

Va-t-on voir le monde autrement ? Il est tôt pour le dire. Encore une fois, je pense que tout cela sera très personnel, mais si un grand nombre individuellement souhaite un changement alors il y aura un changement.
Je pense que depuis des années, les voyants sont au rouge : écologie, humanité, souffrance individuelle et collective, guerres… la liste des voyants rouges est longue et inquiétante, mais je crois en l’être humain autant qu’il me désespère parfois, tout autant que parfois je crois en moi et que parfois je me trouve désespérant. Nous sommes tous humains parmi les humains avec ses défauts propres à l’humain, ne l’oublions pas.

Heureusement il y a les réseaux sociaux pour garder le lien… mais peut-être qu’avec cette distanciation sociale, on va se rendre compte que ces mêmes réseaux sociaux jouent sur ces deux mêmes tableaux, éloignement et rapprochement. La distanciation sociale n’était-elle déjà pas là avant le confinement ? Faire ses courses, travailler … Est-ce vraiment du lien social ? En partie peut-être… mais peut-être qu’il est tout autre, dans la bienveillance, l’écoute, le respect, le non jugement, l’accueil… Ne sommes-nous pas dans la distanciation au quotidien avec ceux différents de nous ? Cultures, origines, niveau social, ne sommes-nous pas distanciés avec ceux qui sont autistes, handicapés, fragiles, les sans-abris, les atypiques… ? Ne pas être distancié est un « effort » de chaque jour…
Nous ne sommes qu’humains après tout…

Tout porte à croire que nous allons devoir vivre un temps « long » avec ce virus et ses inquiétudes, alors oui nous allons devoir nous adapter, porter des masques peut-être, garder des distances, accepter de ne pas voir une personne fragilisée… et tout ce que l’on ne sait pas encore aujourd’hui…
Peut-être d’autres virus apparaîtront et tout sera à refaire une fois encore… Mais l’imagination humaine est sans limite, l’être humain est plein de ressource dans ce qu’il a de meilleur, l’envie et le besoin d’aider l’autre…
Et comme nous tous, ou presque (je vise certains hommes politiques, certains hommes d’affaires…), je souhaite un monde meilleur à mes enfants, et plus tard aux petits- enfants, et ceux qui suivront…

Gaël

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